Le plus grand squat de France, au sud de Paris, évacué à 100 jours des Jeux Olympiques

300 personnes ont été délogées de cette entreprise désaffectée à Vitry-sur-Seine, alors que les associations dénoncent un manque de prise en charge pérenne.

PARIS - Valises à la main, ils étaient des centaines à être expulsés de leur refuge au petit matin. Ce mercredi 17 avril, le plus grand squat de France - qui a abrité jusqu’à 450 migrants, en situation régulière pour la plupart selon les associations - était en cours d’évacuation dans la banlieue sud de Paris.

L’opération, attendue depuis plusieurs jours et pour laquelle 250 agents ont été mobilisés, s’est déroulée dans le calme comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus. Une partie des sans-abris qui avaient trouvé refuge dans cette entreprise désaffectée de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) avaient quitté les lieux les jours précédents. Des mises à l’abri sont prévues pour les personnes délogées, en Île-de-France et en région, par exemple à Bordeaux.

Ces rochers anti-SDF et anti-migrants au bord de la Seine font-ils partie du dispositif des Jeux Olympiques ?

« On est à J-100 des Jeux Olympiques, et l’État va fêter ça, j’imagine, en expulsant ce qui doit être le plus grand squat de France », explique avec ironie Paul Alauzy, porte-parole du Revers de la médaille, sur Instagram. Le collectif interassociatif, qui interpelle les pouvoirs publics sur les conséquences sociales des Jeux olympiques de Paris, était présent pour informer les personnes exilées sur leurs droits. La députée LFI Mathilde Panot était également sur place.

Les quelque 300 occupants qui restaient encore - hommes, femmes, enfants - ont quitté les lieux peu après 8 heures. Ils logeaient dans ces locaux depuis plusieurs mois pour certains, faute de trouver un logement dans le parc privé, ou en attente d’un logement social. Selon l’association United migrants, qui leur apporte régulièrement son aide, 80 % d’entre-eux sont en situation régulière en France.

Plusieurs squats évacués en lien avec les JO

Derrière les vitres miroir du bâtiment insalubre de plusieurs étages, les occupants avaient installé des lits et des matelas par terre jusque sous les escaliers et dans les couloirs faute de place. Le long de murs décrépis pendent des fils électriques, tandis que des douches rudimentaires fonctionnent à l’eau froide.

Mohammed Sayed, qui a le statut de réfugié et travaille dans la maintenance électrique à Eiffage en CDI, y habitait depuis 3 ans. « Ce n’est pas que je suis content d’être là, mais je vais aller où ? », s’interroge le quadragénaire érythréen auprès de l’AFP, sa grosse valise à roulettes à côté de lui.

Selon Paul Alauzy, cette nouvelle évacuation est liée aux Jeux olympiques. « Cela fait un an qu’on assiste à des expulsions et les squats évacués restent toujours vides », a-t-il dit à l’AFP. Pour les personnes délogées, « qui ont des papiers, des gens en CDI mais à qui on ne veut pas louer d’appartements, la seule solution reste le squat, puisque ces personnes travaillent en Île-de-France », ajoute-t-il.

Il y a un an, les autorités avaient évacué l’ancien siège désaffecté d’Unibéton sur L’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), à proximité du futur village des athlètes de JO de Paris où vivaient 500 migrants. En juillet, 150 autres personnes qui avaient trouvé refuge dans une maison de retraite abandonnée à Thiais (Val-de-Marne) avaient également été expulsées.

Le Collectif Accès au Droit, qui fait partie du Revers de la médaille, avait également dénoncé auprès du HuffPost un harcèlement des campements en bord de Seine, lieu de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. « La demande des assos, ce n’est pas qu’il y ait des tentes et des sans-abri pendant la cérémonie d’ouverture », avait précisé Paul Alauzy. « Mais il faut que ces gens aient des solutions décentes, financées sur le long terme ».

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