Déficit public : la nouvelle trajectoire du gouvernement manque de "crédibilité" selon la Cour des comptes

Bercy vise un retour sous les 3 % du PIB en 2027. Des prévisions qui manquent de "cohérence" selon le Haut Conseil des finances publiques.

Le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Marie, le 8 avril 2024 à Meudon

ÉCONOMIE - Une nouvelle fois, les calculs ne sont pas bons. Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), organisme indépendant auprès de la Cour des comptes chargé « d’apprécier le réalisme des prévisions macroéconomiques du gouvernement » a rendu, ce mercredi 17 avril, son avis pour les années 2024 à 2027. Et il est tout sauf enthousiaste.

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Il juge la nouvelle trajectoire de réduction du déficit public proposée par le gouvernement, qui vise un retour sous les 3 % du PIB en 2027, manquant de « crédibilité » et de « cohérence ».

Une telle trajectoire « supposerait un ajustement structurel massif entre 2023 et 2027 (2,2 points de PIB sur quatre ans) », précise l’institution. « Le Haut Conseil considère que cette prévision manque de crédibilité », entre autres car la documentation de cet effort « jamais réalisé par le passé » reste « à ce stade lacunaire », et qu’elle « manque également de cohérence », notamment sur les prévisions de croissance.

Mauvaise nouvelle à répétition

La trajectoire chiffrée du déficit public d’ici à 2027 est connue depuis une semaine, mais le programme de stabilité qu’elle résume sera lui présenté ce mercredi en Conseil des ministres, début d’un parcours périlleux pour les finances publiques françaises.

Ce n’est pas la première fois que les prévisions du gouvernement doivent être revues à la baisse. Depuis février, les mauvaises nouvelles budgétaires pleuvent. La croissance 2024 ne sera finalement pas de 1,4% mais de 1%, tandis que le déficit a été de 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% comme annoncé. Et cette année il ne sera pas de 4,4% mais de 5,1%.

Conséquence : en février dernier, Bruno Le Maire a annoncé 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires dès cette année puis à nouveau 10 milliards la semaine dernière, sans compter sur les 20 milliards d’économie en 2025, au lieu des 12 initialement calculés

Pour 2024, le HCFP estime que la prévision de croissance du gouvernement, révisée à la baisse en février, à 1% contre 1,4% précédemment, « demeure optimiste », « même si elle n’est pas hors d’atteinte ».

Mais globalement, « la trajectoire de PIB » retenue dans les prévisions gouvernementales pour la période 2024-2027 « est surévaluée », estime le HCFP. « Il y a donc un risque important que l’évaluation du PIB potentiel par le gouvernement soit révisée ultérieurement à la baisse, et donc que la part structurelle du déficit le soit à la hausse », met-il en garde.

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