Publicité

« The Queen of Versailles » : le déclin de riches Américains


Lorsqu’une équipe de documentaristes a approché David et Jacqueline Siegel, l’un des couples les plus riches aux États-Unis, l’objectif initial était de tracer un portrait de l’opulence démesurée dans laquelle baignaient des gens à ce point fortunés qu’ils semblaient avoir perdu tout repère avec la réalité.

D’ailleurs, le point d’ancrage du film prenait la forme du monument de démesure qu’était Versailles, la future demeure en construction du couple et de leur progéniture (huit enfants) – un palais floridien de 90 000 pieds carrés inspiré du célèbre château français du même nom, qui deviendrait la plus grande «maison» unifamiliale au monde.

Les premières scènes de ce qui allait devenir The Queen of Versailles, qui débarque dans les clubs vidéo cette semaine, nous montrent un couple au train de vie qui ferait pâlir d’envie Donald Trump. Interrogé par le réalisateur à savoir pourquoi il se donnait la peine de faire construire une résidence aussi immense, Siegel offre en guise de réponse ces quelques mots empreints d’arrogance : «Parce que j’en ai les moyens».

Puis, la catastrophe financière de septembre 2008 est survenue, et tout a basculé, autant pour la production que leurs sujets.

Du coup, ce qui se voulait au départ un regard froid sur le côté absurde de la richesse excessive est devenu une illustration concrète et troublante des répercussions d’une violente récession, provoquée en grande partie par l’octroi à rabais et à outrance de prêts hypothécaires par les banques américaines.

Petit à petit, le sourire satisfait et suffisant s’efface du visage des Siegel, au rythme des concessions qu’ils doivent endurer et des innombrables tuiles (importées de Chine) qui s’abattent sur leur compte de banque.

Si David devient de plus en plus antipathique en laissant les pressions financières l’obséder au point de négliger le soutien et l’amour que lui apporte sa famille, Jacqueline est au contraire dépeinte comme étant une femme articulée et sereine, qui se dit prête à composer avec le sort qui s’abat sur elle et son mari - et c’est pourquoi on se surprend malgré tout à sympathiser avec elle.

Cette «reine de Versailles» est toutefois une femme au comportement paradoxal, ce qui nous amène parfois à questionner son jugement. Celle qui a entrepris de vendre une partie de ses biens pour venir en aide aux milliers de personnes ayant été licenciées suite aux déboires de son mari, est aussi celle qui, au plus creux des ennuis financiers, dévalise la section des jouets d’un grand magasin pour gâter ses enfants à Noël…

Versailles tombera-t-elle aux mains des institutions financières? David Siegel verra-t-il son plus grand accomplissement professionnel, soit une tour de verre ultra-luxueuse inaugurée en grandes pompes à Las Vegas, lui glisser entre les doigts? Le couple tiendra-t-il le coup?

Chercher les réponses en visionnant cet excellent documentaire ne sera sans doute pas une perte de temps. Comme quoi élargir ses connaissances enrichit davantage que des biens matériels…