Notre critique: «Man of Steel»

Voilà presque un an que le réalisateur Zack Snyder et son équipe martelaient leur message dans les médias: leur «réinterprétation» de Superman allait complètement redéfinir le personnage; on avait entrepris d'humaniser le héros et d'enraciner ses pouvoirs dans le plus grand souci de réalisme; et le résultat allait nous en mettre plein la vue.

Il était donc tout à fait normal d'avoir des attentes aussi élevées qu'un bond de Superman dans la stratosphère. Doit-on alors blâmer Snyder et cie pour la relative déception éprouvée après avoir enfin visionné Man of Steel (L'homme d'acier en VF)? Notre sentiment aurait-il été différent s'ils ne nous avaient pas essentiellement promis le Citizen Kane des superhéros?

Évidemment, on n'irait pas jusqu'à qualifier MoS de bide. Beaucoup trop d'argent, de talent et de rigueur y ont été consacré pourqu'on se retrouve ici devant Jack Carter from Krypton. De toute évidence, on a pris le sujet très au sérieux, et on semble avoir mis chaque dollar du budget à l'écran.

N'empêche que, tout comme ce fut le cas avec l'échec relatif précédent de Superman Returns, lorsque le film original (Superman, 1978) et son acteur principal (Christopher Reeve) sont à ce point appréciés et marquants, il devient difficile de ne pas se prêter au jeu de la comparaison. Et à cet égard, MoS bascule malheureusement lui aussi du côté des perdants.

Essentiellement,cette nouvelle version suit à peu près la trame narrative habituelle: Jor-El et sa femme envoient leur bébé sur Terre alors que leur planète Krypton se désintègre; bébé Kal-El est pris en charge par les Kent au Kensas, et constate qu'il possède des pouvoirs inhabituels; l'intrépide journaliste Lois Lane s'intéresse à Kal-El adulte, devenu Clark Kent; et ce dernier finit par sauver la planète.

Le problème, et il est majeur, c'est qu'en optant pour un Superman plus sérieux, introspectif, «réaliste», un homme qui semble en constante crise existentielle, on a complètement évacué ce qui faisait l'attrait du film de Richard Donner (et sa suite): un habile dosage d'action et d'humour, et un ton bon enfant qui, malgré tout, traitait le matériel source avec le plus grand respect.

On se retrouve donc devant un film plutôt rigide et froid où tout le monde se prend beaucoup trop au sérieux, où le méchant (le général Zod) n'a aucun caractère distinctif particulier, et où, encore une fois, tout finit par dégénérer dans une (interminable) orgie d'effets numériques (le métier le plus payant de nos jours au cinéma? Fabricant d'écrans verts).

Après un certain temps, assister à une version pixelisée de Superman et Zod qui se frappent très fort, défoncent plusieurs murs, volent très haut et font tout cela très,très vite finit par devenir lassant. Sans compter que le réalisateur semble éprouver un plaisir quasi fétichiste à détruire des gratte-ciels... En fait, on a parfois l'impression d'avoir affaire à The Avengers, les clins d'oeil et l'autodérision en moins.

Il semble qu'un Man of Steel 2 soit déjà en chantier.Espérons que Snyder saura capturer davantage l'esprit du personnage mythique,sans nécessairement faire dans l'imitation. C'est bien beau l'intensité, mais lorsqu'on y ajoute un peu plus d'humour et de légèreté, le résultat devient beaucoup plus... réaliste.

Notre cote: 2,5/5